Elie précédant Achab vers Izréel pour annoncer la fin de la sécheresse
©Alban Gilbert
Elie précédant Achab vers Izréel pour annoncer la fin de la sécheresse
©Alban Gilbert
3189

Elie précédant Achab vers Izréel pour annoncer la fin de la sécheresse

JEAN-BAPTISTE DESPAX (Toulouse, 1710-1773)

Dans le catalogue de la vente – où le tableau a été acheté en 1976 –, l’œuvre attribuée à Jean-Baptiste Despax est décrite ainsi : « Scène biblique. Sur un chemin qui serpente dans un paysage boisé et accidenté un Saint apparaît devant le char d’un roi que suit une nombreuse troupe. Toile. Haut. 0m580 ; Larg. 0m795 ». Les investigations menées par la suite ont révélé le sujet et rapproché cette œuvre de l’un des tableaux de la chapelle des Carmélites de Toulouse, un des ensembles picturaux les plus importants du Sud-Ouest.

Détails

Fiche technique de l'oeuvre
Artiste JEAN-BAPTISTE DESPAX (Toulouse, 1710-1773)
Titre Elie précédant Achab vers Izréel pour annoncer la fin de la sécheresse
Date Vers 1747-1751
Domaine Peinture
Technique Huile sur toile
Dimensions H. 0.58 m - L. 0.67 m -
Numéro d'inventaire 76.2.1
Sujet / Thème Bible, Ancien Testament

Un sujet rare et carmélitain

Suite à une restauration entreprise en 1982, les recherches s’intensifient et aboutissent à la découverte de l’iconographie de l’œuvre tirée de l’Ancien Testament (Troisième Livre des Rois, XVIII, 44-46) : « Achab monta en char et partit pour Jezrahel [Yizréel]. La main du Seigneur fut sur Elie, il ceignit ses reins et courut devant Achab jusqu’à l’arrivée à Jezrahel ». Elie avait annoncé au roi Achab la fin de la sécheresse qui s’était abattue depuis trois ans sur Israël en raison de ses fautes et était allé le presser de revenir en son palais avant la tombée de la pluie. Sur le tableau d’Agen, Elie court, effleurant à peine le sol de ses pieds nus avec, à sa suite, Achab dans son attelage, suivi de sa cour. Dans l’angle supérieur droit du tableau, le peintre raconte la scène qui a précédé la course : l’apparition à Elie, dans le ciel chargé d’eau, de la Vierge portant l’Enfant, en haut du Mont Carmel. Ce sujet rare s’inscrit, en revanche, dans la narration de la vie du prophète développée à la demande des communautés de l’ordre des Carmes, dont il constitue le fondateur légendaire et, par conséquent, la figure tutélaire.

Une modello pour le décor de l’église des Carmélites de Toulouse

En France, l’ordre carmélitain connaît son expansion au XVIIe siècle. Les carmélites s’installent en nombre à Toulouse, où elles bâtissent une petite église qui sera achevée en 1643. Faute de fonds, celle-ci est longtemps privée de décor. Cette commande d’envergure est d’abord confiée au peintre et architecte Jean-Pierre Rivalz (1625-1706) puis à son fils, Antoine (1667-1735). À son décès, elle revient à son élève Jean-Baptiste Despax (1710-1773) mais celui-ci n’est pas tout de suite en mesure de répondre à la réalisation de ce programme pictural d’envergure qui comprend le décor de la voûte lambrissée et un cycle de peintures sur toile, dans la nef de l’église des Carmélites. Il décide de se rendre à Paris pour se perfectionner, de 1742 à 1746, dans l’atelier de Jean Restout (1692-1768), l’un des plus importants peintres religieux sur la scène parisienne à cette époque. A son retour, le décor carmélitain est médité et préparé par de nombreuses œuvres préparatoires que l’artiste conserve vraisemblablement jusqu’à sa mort et dont une au moins, le tableau agenais, appartient ensuite à son frère, l’abbé Despax, économe de l’hôpital Saint-Louis de Rome. Ce dernier était féru de peintures et il s’était rapproché en Italie du peintre Charles Joseph Natoire (1700-1777), directeur de l’Académie de France à Rome à partir de 1751. Le tableau ne constitue pas une réduction de la composition, ou riccordo, destinée à un commanditaire, mais incontestablement une esquisse préparatoire, ou modello. En effet, des repentirs visibles au niveau du visage, de la main droite et du pied gauche d’Elie, témoignent du caractère authentique et préalable de l’œuvre tandis que le groupe de la Vierge à l’Enfant est à peine ébauché alors qu’il se distingue nettement dans l’œuvre achevée. Le modello est empreint d’une fougue théâtrale pour dépeindre l’agitation du cortège, qu’attestent les obliques de la composition, les nombreux raccourcis et le très beau morceau composé des deux chevaux blancs cabrés de l’attelage du roi. Cette verve disparaît dans la composition définitive, au dessin plus fini et à l’exécution plus soignée et lisse, qui répond mieux à la noblesse de l’ensemble.  

Jean-Baptiste Despax, « premier peintre » de Toulouse 

A la mort de son maître, Jean-Baptiste Despax, le plus jeune des élèves d'Antoine Rivalz, lui succède comme « premier peintre » de Toulouse. Ses travaux de décoration de la chapelle des Carmélites et ceux de la chapelle de la Visitation lui valent d’être reconnu. On doit aussi à Despax le cycle de la vie de saint Vincent à Montréal (Aude), les peintures de l'abbaye de Granselve (Bouillac, Tarn-et-Garonne) ou encore celles de l'abbaye de Boulbonne (Cintegabelle, Haute-Garonne). En 1757, il est nommé Directeur de l'Académie royale de Toulouse où il enseigne la peinture à Pierre-Henri de Valenciennes (1750-1819). Son œuvre continue à être saluée après sa mort en 1773, avec notamment le prêt par son frère de l’esquisse, aujourd’hui agenaise, au Salon de 1784, organisé par l’Académie royale de peinture et architecture de Toulouse fondée en 1751 qui, contrairement aux salons parisiens, exposait les œuvres, anciennes et récentes, des principales collections et cabinets du Languedoc. L’œuvre constitue, avec l’étude de L’Annonciation, conservée dans la sacristie de l’ancienne cathédrale de Narbonne, l’un des rares témoignages de l’élaboration de ce cycle pictural toulousain majeur.

Provenance

Collection Jean-Baptiste Despax, Toulouse, avant 1773 ; collection abbé Despax, son frère ; exposée au Salon de 1783, Toulouse, n° 30 ; achat en vente publique par le musée des Beaux-Arts d’Agen, 1976

Expositions

  • Salon de peinture et de sculpture, Toulouse, Hôtel de Ville, septembre 1783
  • Les collectionneurs toulousains du XVIIIe siècle, l'Académie royale de peinture, sculpture et architecture, Toulouse, musée Paul-Dupuy, 17 janvier-30 avril 2001, n° 79

Localisation

1er étage

Dernière mise à jour : 16 mars 2023

Mes notes

Ajouter