Sainte Marie-Madeleine pénitente
©Didier Veysset
Sainte Marie-Madeleine pénitente
©Didier Veysset
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Sainte Marie-Madeleine pénitente

CLAUDE MICHEL DIT CLODION (Nancy, 1738-Paris, 1814)

Restaurée en 2014, cette statue représentant Marie-Madeleine en prière fait partie des rares sujets religieux de l’œuvre de Clodion (1738-1814), sculpteur qui connut un grand succès.

Détails

Fiche technique de l'oeuvre
Artiste CLAUDE MICHEL DIT CLODION (Nancy, 1738-Paris, 1814)
Titre Sainte Marie-Madeleine pénitente
Date 1768
Domaine Sculpture
Technique Modelage
Dimensions H. 0.17 m - L. 0.35 m -
Numéro d'inventaire 339 CH
Sujet / Thème Religion, Madeleine, crucifix, crâne

Marie-Madeleine repentie

Traditionnellement représentée en pécheresse repentie, Marie-Madeleine est modelée par Clodion, recueillie dans la prière. Partagé entre beauté physique et représentation de la pénitence, le sujet est mis en forme sommairement, laissant apparaître traces d’outils et empreintes digitales. Le visage, les mains et les pieds sont moins travaillés, volontairement laissés à l’état d’esquisse. Allongée sur un rocher dans une position inconfortable, la sainte se penche en avant pour contempler le livre des Écritures ouvert sur le sol. Ses longs cheveux dénoués cascadent sur ses épaules et sa poitrine dénudées, rappelant son passé de courtisane. Par un effet de contraste, la pénitence de la sainte est symbolisée par ses pieds nus, croisés sur un rocher, et son vêtement rustique. Son visage, à l’expression ardente, est tourné vers le crucifix qui évoque la rédemption. Sous ses mains jointes, ses attributs traditionnels de l'iconographie chrétienne, l'accompagnent.  Le martinet de cordelettes nouées rappelle la discipline tandis que le crâne évoque la mort et les vanités terrestres. Le choix de l'introspection, induite par la  position refermée du corps, inscrit cette représentation dans le type classique, selon les deux groupes de Madeleine pénitente définis par Françoise Bardon ("Le thème de la Madeleine Pénitente au XVIIe siècle en France", Journal of the Warburg and Courtauld Institutes, t. XXXI, 1968, pp. 274-306).

Clodion choisit de se référer à La légende dorée de Jacques de Voragine pour représenter Marie-Madeleine. Le sculpteur installe la sainte au-dessus d’un rocher en évocation au passage dans lequel Jacques de Voragine rapporte que Marie-Madeleine serait venue en Provence après l’ascension du Christ pour évangéliser les populations, puis se serait retirée dans une grotte de la Sainte Baume pour y faire pénitence durant trente années.

La religion, sujet rare dans l’œuvre de Clodion

Les sujets religieux sont rares dans l’œuvre de Clodion. Il fut néanmoins chargé de réaliser une statue de sainte Cécile pour la cathédrale de Rouen. Lors d'un séjour de neuf ans à Rome, il réalisa les deux seules statuettes de Marie-Madeleine connues aujourd’hui. La première, signée et datée de 1767, aujourd’hui conservée au musée du Louvre (inv. TH.44), a appartenu au directeur de l’Académie de France à Rome, Charles Natoire (1700-1777). Elle est représentée assise à même le sol, dans une posture instable, inscrite toutefois dans une composition pyramidale. La deuxième version, signée « CLODION. / in Roma. / 1768. » sur son rocher, montre la sainte repentie agenouillée dans une position inconfortable, penchée sur le livre des Écritures, presque allongée à plat ventre. Seuls ses pieds croisés lui assurent un équilibre élémentaire, ajoutant à la douleur une posture nonchalante étonnante pour un tel sujet. Réalisée de manière plus sommaire que le premier exemplaire, d'une composition nettement différente, elle souligne l’aisance de l’artiste à réinterpréter un thème éculé, car très apprécié par les artistes et écrivains après le Concile de Trente (1545-1563). Pour cela, il s'aide des productions artistiques locales comme les gravures de Giulio Carponi (1613-1679), dans le cas de cette statuette. Le comte de Chaudordy, l'un des grands donateurs du musée des Beaux-Arts d'Agen, ne s’y est pas trompé quand il a fait l’acquisition de cette œuvre lors d’une vente anonyme en décembre 1881.

Clodion, un sculpteur populaire

Claude Michel, dit Clodion, s’est illustré par ses sujets anacréontiques et ses grands ensembles décoratifs à la fin de l’Ancien Régime. Né à Nancy en 1738, il se forme aux côtés de son oncle, le sculpteur Lambert Sigisbert Adam (1700-1759), qu’il assiste dans son atelier à partir de 1755. A la mort de ce dernier en 1759, il devient l’élève de Jean-Baptiste Pigalle (1714-1785). Très vite, il rencontre le succès et obtient le grand prix de sculpture de l’Académie royale en 1759. En 1762, Clodion se rend à Rome où il séjourne jusqu’en 1771, exécutant des commandes pour le duc de La Rochefoucauld, le baron de Besenval, Louise de Bourbon-Condé ou encore Catherine II de Russie. Ses œuvres, inspirées de l’Antiquité, sont convoitées.

On admire le charme et l’élégance de ses petites sculptures aimables, en terre cuite, évoquant la douceur de vivre de l’Ancien Régime, représentant des groupes de nymphes, des angelots ou encore des dieux échappés du Paradis perdu d’une antiquité idéalisée. Ces sujets valurent à Clodion le surnom de Fragonard de la terre cuite.

Clodion réalise également quelques travaux de plus grand format, parmi lesquels la statue de marbre de Montesquieu, commandée par le Roi en 1779 (musée du Louvre, inv. ENT.1987.02), puis, au sommet de sa carrière, le relief de l’Arc de Triomphe du Carrousel à Paris (1806-1808).

Provenance

Vente anonyme, Paris, 29 décembre 1881, n° 50 ; collection du comte Damaze de Chaudordy, Paris, 1881-1899 ; legs du comte de Chaudordy au musée des Beaux-Arts, Agen, 1899 ; entrée au musée des Beaux-Arts, Agen, 1900

Expositions

  • Kunst und Geist Frankreichs im 18. Jahrhundert [L’art et la pensée française du XVIIIe siècle], Palais du Belvédère, Vienne, 31 mai-31 août 1966, n° 119
  • Angelika Kauffmann und ihre Zeitgenossen [Angelika Kauffmann et son temps], Vorarlberger Landesmuseum, Bregenz, 23 juillet-13 octobre 1968 ; Musée autrichien d’arts appliqués, Vienne, 8 novembre 1968-1er février 1969, n° 168
  • Clodion. 1738-1814, musée du Louvre, Paris, 17 mars-29 juin 1992, n° 12

[Oeuvre signée et datée sur le rocher, sous le bras droit]

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Localisation

1er étage

Dernière mise à jour : 22 juin 2023

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