L’Etang de la Ville d’Avray
©H. Maertens
L’Etang de la Ville d’Avray
©H. Maertens
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L’Etang de la Ville d’Avray

JEAN-BAPTISTE-CAMILLE COROT (Paris, 1796-1875)

L’Etang de la Ville-d’Avray se déploie sur un format horizontal, bordé par deux arbres repoussoirs à sa gauche tandis qu’une frondaison encadre ses berges et arrête le regard. Une maison se perd à droite dans la végétation tandis qu’une barque glisse lentement sur le lac. C’est le réveil de la nature dans la fraîcheur matinale qu’a choisi de saisir Jean-Baptiste-Camille Corot avec cet étang francilien (Hauts-de-Seine).

Détails

Fiche technique de l'oeuvre
Artiste JEAN-BAPTISTE-CAMILLE COROT (Paris, 1796-1875)
Titre L’Etang de la Ville d’Avray
Date Vers 1865-1870
Domaine Peinture
Technique Huile sur toile
Dimensions H. 0.51 m - L. 1 m -
Numéro d'inventaire RF 1787
Sujet / Thème Paysage, étang

Immortaliser la fraîcheur d’une matinée de printemps

Ville-d’Avray constitue le lieu de travail et de repos favori de Corot, le sujet de nombreuses toiles, avec notamment l’étang du parc qu’il pouvait apercevoir depuis la fenêtre de sa chambre. L’Etang de la Ville-d’Avray dégage une sensation de quiétude et d’apaisement à la fraîcheur d’une matinée de printemps traduite par l’usage de teintes froides. Les rares couleurs chaudes sont réservées aux coroles de fleurs qu’une jeune femme, charmée par leur beauté, cueille délicatement. Comme dans toutes les œuvres de Corot, la lumière occupe une place centrale : la brillance de l’étang reflétant le ciel est accentuée par l’encadrement des deux masses sombres buissonnantes et verticales qui contrastent avec l’horizontalité claire de la surface de l’étang. Cette façon de saisir la lumière se retrouve notamment avec Ville-d’Avray, L’étang à l’arbre penché (1865-1870, musée des Beaux-Arts, Reims, inv.907.19.66). Enfin, attirant à elle la lumière et les regards, une mouette, saisie d’une touche de blanc lumineux, traverse le tableau pour se figer en son centre.

Corot et l’École de Barbizon

Cette œuvre réalisée sous le Second Empire porte en son sein les nouvelles influences du siècle comme la légitimation du paysage en tant que genre noble depuis la création du Grand Prix du Paysage historique en 1817 dont Achille Etna Michallon (1796-1822), maître de Corot, est le premier bénéficiaire. Dès lors, l’apprentissage de la lumière devient presque une obsession, la tradition classique ayant conscience que la lumière structure l’espace et modèle les volumes. Les voyages en Italie deviennent dès lors des moments déterminants dans les formations des paysagistes. L’école de Barbizon (village près de Fontainebleau) participe à ce renouvellement par deux apports essentiels : d’une part l’étude systématique d’après nature avec des paysages peints en plein air (exercice facilité par la commercialisation en 1840 des tubes de peintures en métal et des toiles préparées) et exposés sans retouches en atelier et, d’autre part, une recherche de l’expression poétique de la nature qui n’est plus subordonnée aux normes classiques d’imitation.

Corot et la représentation de la nature

Après un voyage en Italie (1825-1828) au cours duquel Corot exécute des « paysages historiques », il rentre en France où il poursuit ses recherches sur la lumière dans les différentes provinces françaises. Sa peinture paysagiste connaît une inflexion avec l’influence de la peinture flamande et hollandaise du XVIIe siècle qui délaisse le recours prétexte à des sujets mythologiques ou bibliques pour une observation de la nature plus réaliste et quotidienne. Corot abandonne donc la représentation du sujet, de l’anecdote, du récit historique pour se consacrer à l’évocation de la nature pour elle-même, cherchant à traduire avec exactitude la poésie des phénomènes naturels. Il est dès lors souvent considéré par certains comme l’un des précurseurs de l’impressionnisme.

Provenance

Collection d’Alfred Chauchard jusqu’en 1909 ; accepté par l’Etat à titre de legs d’Alfred Chauchard, 1910 ; attribué au musée du Louvre, Paris, 1910 ; dépôt du musée du Louvre au musée des Beaux-Arts, Agen, 1977

Expositions

  • De Corot à l’art moderne. Souvenirs et variations, musée des Beaux-Arts, Reims, 20 février-24 mai 2009, n° 44

  • Corot. Souvenirs et variations, musée national d’art occidental, Tokyo, 14 juin-31 août 2008 ; musée municipal, Kobe, 13 septembre-7 décembre 2008, n° 37

  • Nicolae Grigorescu. Itinéraire d'un peintre roumain, de Barbizon à l'impressionnisme, Église des Jacobins, Agen, 22 avril-14 août 2006, p.50

  • Corot. Natura, emozione, ricordo, Palazzo dei Diamanti, Ferrare, 9 octobre 2005-8 janvier 2006, n° 40

  • L’eau : peintures, dessins et gravures, Orléans, musée des Beaux-Arts, Orléans, 2 juillet-20 septembre 1949 (additif)

  • Exposition des paysagistes français classiques du XIXe siècle (Ecole de Barbizon). Peintures et dessins appartenant au musée du Louvre, musée des Beaux-Arts, Nancy, mars-avril 1938, n° 4

Attention, le contenu de cette notice ne reflète pas nécessairement le dernier état des connaissances.

[Oeuvre signée en bas à gauche]

Mathilde Descamps Duval

Localisation

1er étage

Dernière mise à jour : 09 janv. 2025

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