Buste de gentilhomme

Détails

Un portrait dans la lignée des portraits allemands contemporains

Le jeune homme se tient de trois-quarts, la tête tournée dans le sens inverse du corps, conférant ainsi du dynamisme à l’ensemble. Il tient ses gants dans la main droite et son pommeau d’épée dans la main gauche. Ses riches vêtements bordés de fourrure ainsi que le lourd collier en or trahissent son appartenance à la noblesse. Son visage, en pleine lumière, contraste avec les habits et le fond sombre. Encadré par une toque foncée ornée de broches en or et une barbe rousse à deux pointes, le visage, aux traits finement dessinés et au regard franc, attire le regard. L’artiste cherche la ressemblance physique avec le modèle et marque une volonté de reproduire son caractère et son statut social. La barbe à la taille singulière, la toque ainsi que la veste aux larges manches indiquent qu’il s’agit vraisemblablement d’une réalisation datant des années 1540-1550. La minutie du détail de la barbe, du bijou et du pommeau d’épée rappelle l’enluminure de manuscrits, autre activité de l’artiste. Ce Buste de Gentilhomme s’inscrit dans la lignée des portraits allemands contemporains dont Hans Holbein le Jeune (1497-1543) – également l’un des éminents représentants de ce genre – a codifié la mise en page. On retient ainsi la création du fond abstrait, Muelich recourant souvent à un drapé de couleur pour faire ressortir les figures, procédé qu’il utilise notamment dans sa peinture Les Ambassadeurs (1533, National Gallery, Londres, inv. NG1314).

Un artiste à l’œuvre diverse

Peu d’informations nous sont parvenues quant aux premiers enseignements que reçut Hans Muelich mais on peut supposer qu’ils lui ont été délivrés par son père Wolfgang Muelich, peintre officiel de Munich. Une influence des peintres Ludwig Refinger (1515-1549) et Bartel Beham (1502-1540) est également perceptible dans ses œuvres. En 1536, il se rend à Regensburg où il travaille avec Albrecht Altdorfer (1480-1538), peintre de grande renommée, contemporain d’Albrecht Dürer (1471-1528) et représentant de l’école du Danube. Son séjour à Rome de 1541 à 1543, durant lequel Hans Muelich étudie la Haute Renaissance et en particulier l’art maniériste développé à la suite du travail de Michel-Ange (1475-1564), a une influence décisive sur sa peinture de portraits. Il métamorphose alors sa peinture avec l’emploi du portrait en pied et grandeur nature. Ce dispositif marque le début d’une représentation dite « à l’espagnole » mise au point par des peintres italiens dans l’entourage de Charles Quint. De retour en Bavière, il devient maître en 1545 et reçoit le titre de « peintre de la cour » du duc Albert V de Bavière. Dès lors, il exécute des commandes princières et urbaines dans trois domaines : la peinture religieuse, les portraits et l’enluminure de livres précieux, dont l’inventaire des joyaux du duc Albert V et de sa femme Anne d’Autriche entre 1546 et 1555.

Provenance

Collection du Docteur Pierre Esquirol, 1981 ; legs du Docteur Pierre Esquirol au musée des Beaux-Arts, Agen,  1981

Expositions

Made in Germany. Peintures germaniques des collections françaises (1500-1550), Musée des Beaux-Arts et d'Archéologie, Besançon, 5 mai-20 septembre 2024, n° 109

[Œuvre actuellement prêtée au Musée des Beaux-Arts et d'Archéologie de Besançon, dans le cadre de l'exposition "Made in Germany. Peintures germaniques des collections françaises (1500-1550)", du 5 mai au 20 septembre 2024]

Mathilde Descamps Duval

Localisation

2e étage

Dernière mise à jour : 03 mai 2024