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Dédale et Pasiphaé
JEAN LEMAIRE, DIT LEMAIRE-POUSSIN (Dammartin, 1598-Gaillon, 1659)
Proche de Nicolas Poussin, Jean Lemaire est connu pour ses nombreux tableaux d'architecture ornés de figures drapées à l'antique. Il peint des sujets mythologiques à l’image de Dédale et Pasiphaé, un mythe qui suscite à la fois fascination et horreur par la narration de l’union contre nature entre la reine Pasiphaé et un taureau offert par le dieu Neptune à son époux, le roi Minos.
Détails
Artiste | JEAN LEMAIRE, DIT LEMAIRE-POUSSIN (Dammartin, 1598-Gaillon, 1659) |
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Titre | Dédale et Pasiphaé |
Date | Vers 1642 |
Domaine | Peinture |
Technique | Huile sur toile |
Dimensions | H. 1.15 m - L. 1.41 m - |
Numéro d'inventaire | RF 1958-2 |
Sujet / Thème | Mythologie gréco-romaine |
Un mythe aux contours scandaleux
Passé notamment dans la collection François de Laborde-Méréville, le tableau intitulé Dédale et Pasiphaé, acquis par les Musées Nationaux en 1958, illustre l’un des mythes les plus scabreux de la mythologie, raconté par Ovide dans ses Métamorphoses (VIII, 130) : suite à l’accession au trône de Minos, roi de Crète, le dieu Neptune lui fit présent d’un taureau que le roi négligea de sacrifier. Offensé, le dieu punit le roi en faisant naître une passion contre-nature entre son épouse, Pasiphaé, et l’animal. Dédale, inventeur au talent exceptionnel, imagina une vache de bois devant permettre à la reine de se dissimuler pour assouvir cet amour. C’est de cette union que serait ensuite né le Minotaure enfermé par Minos dans le labyrinthe conçu par Dédale. Lors d’une restauration réalisée entre 1959 et 1961, l’œuvre a été débarrassée de repeints de pudeur dissimulant la vache de bois et le personnage de Dédale qui avaient été effacés afin d’en faire oublier le caractère scandaleux.
Une célébration de l’atticisme
La scène, organisée au premier plan de gauche à droite, se déroule sous le vaste portique à arcades d’un palais romain évoquant le palais Farnèse à Rome. Une statue assise est adossée à une haute plinthe, évoquant la Cléopâtre du Vatican ou bien l’Agrippine assise de la Galleria Capitolina. Cette dernière témoigne d’un jeu de trompe-l’œil mêlant statues de pierre et statue vivante. Devant cette sculpture, la reine Pasiphaé, accoudée à un taureau blanc, se tient au milieu de ses servantes. L’une d’entre elles pointe le doigt en direction d’une vache en bois, juchée sur une estrade, que l’artiste Dédale, muni d’un maillet s’efforce de sculpter en creux, afin de permettre l’accouplement contre-nature entre le taureau et la jeune reine. Au sol, équerre, compas et règle attestent du travail du sculpteur tout à son ouvrage. L’ensemble de la scène est organisé de manière frontale, reprenant les schémas de représentation des sarcophages romains. La pose de Pasiphaé fait échos à l’une des muses du sarcophage de la collection Giustiniani, aujourd’hui conservé à Vienne. Référence qui montre combien Lemaire est familier des vestiges de la Rome antique.
Le tableau est traité tel un trompe-l’œil dont la profondeur est organisée par un jeu de lignes se joignant en un point-de-fuite situé à l’arrière-plan, sous l’arcade de gauche. Chaque plan, est méticuleusement défini. Le premier plan est parfaitement délimité par la haute plinthe qui supporte les deux colonnes massives, tandis que le forum constitue le second plan, dans un savant jeu orchestré par Lemaire-Poussin qui confronte les lignes verticales et horizontales des bâtiments aux lignes du dallage qui rythment l’espace, appuyées par l’ombre de l’architecture au sol.
Lemaire a traité à de multiples reprises le mythe de Dédale et Pasiphaé. D’une part, dans un dessin conservé au musée des Beaux-Arts de Rouen (inv. AG. 1822.1.49) et daté de 1630, c’est-à-dire après l’installation du peintre à Rome. D’autre part, dans un tableau provenant de la collection personnelle de l’historien de l’art Anthony Blunt, duquel l’œuvre d’Agen se rapproche le plus. D’après Diederik Bakhuÿs, conservateur au musée des Beaux-Arts de Rouen, Lemaire aurait produit la toile d’Agen juste après sa collaboration avec Poussin sur le chantier inachevé de la Grande Galerie du Louvre, en 1641-1642.
À la fois élégante et raffinée, la représentation que le peintre offre du mythe fait écho aux réalisations rattachées à l’« atticisme parisien », style antique caractéristique des arts sous la régence d’Anne d’Autriche.
Lemaire : entre mythe et réalité
La présence de Jean Lemaire à Rome est attestée dès 1613. Il y fait une rencontre déterminante, celle du peintre Nicolas Poussin (1594-1665), à son arrivée en Italie, en 1624. Spécialisé dans le genre de la perspective architecturale, Jean Lemaire maîtrise tout autant les codes de l’Antique que ceux de la Renaissance et de l’Italie contemporaine. C’est en hommage à Nicolas Poussin, dont il fut le premier assistant et avec lequel il collabora sur le chantier inachevé de la Grande Galerie du Louvre, en 1640, qu’il se fait appeler Lemaire-Poussin. Peintre d’histoire, il se plaît à confronter dans ses tableaux mythes et réalité. Pour son étude attentive des monuments de l’Antiquité, Jean Lemaire est considéré comme un spécialiste des prospettive. Ses œuvres, s’inscrivant dans un courant appelé atticisme (forme antérieure du néoclassicisme) caractéristique de la peinture parisienne du XVIIe siècle, ont toujours été recherchées par les amateurs de son temps.
Provenance
Collection Jean-Baptiste-Pierre Lebrun, Paris, 1791 (?) ; collection de François de Laborde-Méréville, 1802 ; sa vente après décès, 1803, Paris, n° 114 ; galerie Fleurville, Paris ; acquis par les Musées nationaux, 1958 ; dépôt du musée du Louvre au musée des Beaux-Arts, Agen, 1977
Expositions
- Fenêtres sur cours, Toulouse, Musée des Augustins, 10 décembre 2016-17 avril 2017, n° 80
- Labyrinthe. Du mythe au virtuel, Paris, Bois de Boulogne-Domaine de Bagatelle, 4 juin-15 octobre 2003
- Grand siècle. Peintures françaises du XVIIe siècle dans les collections publiques françaises, Montréal, Musée des Beaux-Arts ; Rennes, Musée des Beaux-Arts ; Montpellier, Musée Fabre, janvier-septembre 1993, n° 72
- Vive la vache, Pau, Musée des Beaux-Arts, été 1980, n° 58
- Les Hommes et les outils, Paris, La Courneuve, Fête de l’Humanité, 10-15 septembre 1975
- Copies, répliques, pastiches, Paris, musée du Louvre, 1973-1974, n° 13
- Nicolas Poussin et son temps. Le classicisme français et italien contemporain de Poussin, Rouen, Musée des Beaux-Arts, avril-mai 1961, n° 46
- Le XVIIe siècle français, chefs-d'oeuvre des musées de province, Paris, Petit Palais, 28 mars-14 mai 1958
Attention, le contenu de cette notice ne reflète pas nécessairement le dernier état des connaissances.
[Œuvre actuellement en réserve]
Localisation
1er étage
Dernière mise à jour : 19 mars 2025