Le Jugement de Pâris
©Musée des Beaux-Arts d'Agen
Le Jugement de Pâris
©Musée des Beaux-Arts d'Agen
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Le Jugement de Pâris

JEAN-FRANÇOIS DE TROY (Paris, 1679-Rome, 1752)

Le Jugement de Pâris représente un mythe en vogue dans la peinture élégante et libertine de l’époque de Louis XV avec un goût des couleurs vives et des détails pittoresques. Pâris tend la pomme d’or de Discorde à Vénus, qui triomphe grâce à sa beauté mais aussi par une ruse bien féminine : sachant Pâris amoureux d’Hélène de Sparte, elle lui propose la main de la plus belle des femmes, une union qui sera à l’origine la guerre de Troie.

Détails

Fiche technique de l'oeuvre
Artiste JEAN-FRANÇOIS DE TROY (Paris, 1679-Rome, 1752)
Titre Le Jugement de Pâris
Date Vers 1710-1720
Domaine Peinture
Technique Huile sur toile
Dimensions H. 1.14 m - L. 1.46 m -
Numéro d'inventaire D.890.4.2
Sujet / Thème Mythologie gréco-romaine, Pâris, Hélène, Vénus, Junon, Minerve, Mercure, paysage

La pomme de la Discorde

Autrefois attribuée au peintre hollandais Gérard Lairesse (1641-1711) l’œuvre Le Jugement de Pâris est la première des trois versions réalisées par Jean-François de Troy durant les premières années de sa carrière parisienne. Cette scène, issue de la mythologie grecque, est narrée dans l’Iliade d’Homère comme épisode déclencheur de la guerre de Troie. L’histoire commence sur le Mont Olympe, demeure des dieux, où se déroulent les noces de Pélée et de Thétis. Toutes les divinités sont conviées à l’exception de Discorde. Celle-ci, vexée, jette une pomme d’or avec la mention « pour la plus belle » aux trois déesses réunies, Junon, Minerve et Vénus, qui se tournent alors vers Jupiter en attente de son jugement. Celui-ci refuse de trancher et confie la tâche à un jeune berger du nom de Pâris. Les trois déesses apparaissent donc autour de lui et le pressent de désigner la plus belle des trois en échange de quoi il aurait une récompense. La déesse Vénus lui ayant promis la main de la plus belle des femmes (Hélène), c’est vers elle que se porte son choix. Jean-François de Troy représente ici le moment de la remise de la pomme d’or à Vénus.

Une œuvre en mouvement

La composition particulièrement riche de ce tableau montre Pâris au centre tendant la pomme d’or à Vénus, aisément reconnaissable grâce à la présence de Cupidon, tandis que Junon et Minerve se tiennent à la droite du tableau. Tout à fait à gauche, Mercure, le messager des dieux, identifiable à son pétase (chapeau rond) ailé, au caducée et à ses sandales ailées, observe la scène depuis les hauteurs. Le travail de la lumière accentue les effets de la composition afin de rendre l’œuvre plus lisible. La scène centrale apparaît en pleine lumière avec Vénus victorieuse recevant la pomme. A l’inverse, Minerve, déesse de la stratégie militaire reconnaissable à son casque, tourne le dos au spectateur et commence à se revêtir. A ses côtés, Junon, déesse du mariage, jette un dernier regard à Pâris avant de monter dans son char. Toutes ces figures s’inscrivent donc en mouvement, ce qui fait une des singularités de cette œuvre. A travers l’éclat rendu par les tons chauds et la carnation des peaux, le mouvement ondulatoire de chacun des corps donne l’impression que la scène n’est pas figée mais s’anime au contraire sous notre regard. Dans la doublure du drapé bleu, au centre du tableau, se trouve également une représentation de Léda et le cygne. Sur une autre version du Jugement de Pâris, réalisée entre 1715 et 1720 (collection particulière, New York), la composition est différente. Vénus est seule au centre de l’œuvre, encadrée par deux groupes de personnages dont Pâris, qui la désigne mais ne lui a pas encore remis la pomme. Les positions des figures sont similaires ainsi que leur gestuelle, à nouveau très présente, apportant du dynamisme à l’ensemble sans brouiller la lisibilité de l’œuvre.

Jean-François de Troy et la peinture d’histoire

Jean-François de Troy a une prédilection pour les thèmes mythologiques et allégoriques auxquels il consacre la majeure partie de son œuvre. Certains sujets, comme le bain de Diane, Suzanne et les vieillards, l’enlèvement d’Europe, ou encore le jugement de Pâris font l’objet de différentes versions, offrant au peintre le loisir de fractionner les actions d’une même scène ou simplement la possibilité de livrer plusieurs interprétations d’un même épisode. Cette peinture mythologique s’inscrit dans le genre de la peinture d’histoire dont Jean-François de Troy est un des principaux représentants au XVIIIe siècle. Rival de François Lemoyne (1688-1737), ils s’opposent lors du concours des Bâtiments du Roi en 1727 mais remportent tous deux le premier prix. Malgré les similitudes qui lient les deux peintres dans la composition et les tons choisis, Jean-François de Troy se distingue par la sensualité joyeuse de ses fêtes galantes qu’il destine à une clientèle aristocratique.  A l’inverse, François Lemoyne s’adonne aux grands formats et devient le peintre officiel de la cour sous Louis XV après la réalisation de L’Apothéose d’Hercule (1733-1736) pour le plafond du Salon d’Hercule, à l’entrée du Grand Appartement du roi au château de Versailles.

Provenance

Collection du sénateur Alphonse Gent, Paris ; achat par l’État, 7 juillet 1886 (comme Gérard de Lairesse) ; dépôt de la Direction des musées nationaux au musée des Beaux-Arts d’Agen, 1889

Bibliographie

LERIBAULT Christophe, Jean-François de Troy 1679-1753, Paris, Arthéna, 2002, P.31, p.225

Mathilde Descamps Duval

Localisation

1er étage

Dernière mise à jour : 04 déc. 2020

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