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Moulin en Hollande (Monikendam)
PAUL SIGNAC (Paris, 1863-1935)
Cette aquarelle signée de la main de Paul Signac (1863-1935), qui se définit comme « un baroudeur-aquarelliste-trotter », révèle un agréable bord de mer hollandais. Entre terre et eau, un moulin ainsi que quelques maisons semblent émerger des flots.
Détails
Artiste | PAUL SIGNAC (Paris, 1863-1935) |
---|---|
Titre | Moulin en Hollande (Monikendam) |
Date | Vers 1896 |
Domaine | Arts graphiques |
Technique | Aquarelle, mine de plomb, crayon |
Dimensions | H. 0.12 m - L. 0.21 m - |
Numéro d'inventaire | 88 BR |
Sujet / Thème | Paysage |
Une aquarelle de bord de mer
Cette œuvre, par son sujet, est assez représentative de la production aquarellée de Signac. Dès que Paul Signac décide de devenir peintre, et plus exactement un peintre impressionniste, il prend ses pinceaux pour représenter les quais d’Asnières, ou de Montmartre. Lui-même navigateur, il est ardemment attiré par le monde de la mer. Il réalise ses premières marines pendant l’été 1882 à Port-en-Bessin et fait de ce type de représentation un véritable domaine de prédilection. Pour mettre en œuvre ce désir de peindre les milieux maritimes, il entreprend plusieurs voyages ; à Saint-Tropez (où il voyage régulièrement entre 1892 et 1905 avant de s’y installer), Venise (1904 et 1908), Londres (1897 et 1909), ou encore en Corse (1935 ) et en Hollande (1896 et 1906). Cette aquarelle rend compte de sa capacité à recréer l’impression d’ondulation de l’eau et ses reflets. L’artiste construit son dessin par des aplats de couleurs pures. Dans ses aquarelles, il préfère cette juxtaposition à la technique divisionniste que lui transmets son ami Georges Seurat (1859-1891) et qu’il réserve à ses peintures à l’huile. Paul Signac accorde la même importance à la couleur et au dessin, qu’il laisse visible à l’instar de Paul Cézanne (1839-1906). Les lignes du dessin sont accentuées par des traits noirs qui traduisent une influence japonisante. A travers sa production d’aquarelles, Signac s’abandonne à la puissance descriptive de la couleur.
L’influence de Georges Seurat (1859-1891)
Signac est en premier lieu un impressionniste. Il fait ses débuts au moment même où ce nouveau mouvement bouleverse les milieux artistiques. Il rencontre les grands noms de l’impressionnisme, tels Paul Cézanne, Edgar Degas (1834-1917) ou Claude Monet (1840-1926). Pour lui, l’impressionnisme est synonyme de liberté et de révolution artistique. Pourtant, son amitié avec Georges Seurat le fait évoluer et abandonner l’impressionnisme pour le néo-impressionnisme. Signac est séduit par la vision scientifique et nouvelle de Seurat, dont il adopte la touche divisée, inspirée des découvertes scientifiques sur l’optique, tout particulièrement celle réalisée par le chimiste Michel-Eugène Chevreul (1786-1889). Grâce à ses recherches, Chevreul invente la loi du contraste simultané des couleurs, qui dit « dans le cas où l'œil voit en même temps deux couleurs contiguës, il les voit les plus dissemblables possibles.» La loi de Chevreul influence grandement les artistes, du grand coloriste romantique Eugène Delacroix (1798-1863), qui utilise le contraste des couleurs complémentaires, aux néo-impressionnistes tels Seurat, qui émettent grâce à elle une réflexion sur la perception des couleurs.
La découverte du tableau manifeste du pointillisme intitulé Un dimanche après-midi à l’île de la Grande-Jatte réalisé par son ami Seurat entre 1884 et 1886 (Art Institute, Chicago, inv. 1926.224) est une véritable révélation pour Signac. Dès lors, il adopte la touche si particulière du pointillisme. Ce changement dans sa production artistique apparaît pour la première fois dans sa peinture à l’huile, Les Modistes, qu’il réalise entre 1885 et 1886 (fondation E.G. Bührle, à Zurich (inv. 213)). En revanche, dans sa production d’aquarelles et autre types de travaux préparatoires, il n’utilise pas cette touche pointilliste.
Une influence qui s’essouffle
Dès 1892, Signac souhaite faire évoluer son art et prend ses distances vis-à-vis des enseignements de Seurat. Il se rend compte que les touches minuscules, bien que pures, épuisent la puissance chromatique de sa palette. Il élargit donc peu à peu sa touche. De surcroît, il s’intéresse de plus en plus à l’aquarelle, technique qu’il emploie dans un premier temps pour isoler des détails qu’il insère dans ses peintures à l’huile avant de réaliser des œuvres à part entière, dans un style plus décoratif. C’est ainsi que Signac expose en 1895 au Salon de La Libre Esthétique de Bruxelles une série d’aquarelles plutôt que des tableaux. Même s’il ne se détache pas totalement de Seurat, son caractère l’attire vers la couleur. Il s’entoure d’ailleurs d’Henri Matisse (1869-1954), qui lui enseigne l’importance et le pouvoir des couleurs. Il retrouve, dans ses aquarelles comme Moulin en Hollande, leur pureté. La production hollandaise de Signac se situe au moment de ce tournant artistique. Dans sa peinture Rotterdam. Les Fumées, datée de 1906 (Art Museum, Shimane, Japon, inv. OF – 10), la touche se veut plus large, moins calculée, et les couleurs plus libres que dans ses productions antérieures.
Provenance
Collection du Dr Louis et de Mme Brocq, Paris, avant 1928 ; legs du Dr Louis Brocq au musée des Beaux-Arts, Agen, 1928
Exposition
Les réserves : tout un monde, Eglise des Jacobins, Agen, 27 janvier-21 avril 2008
[Oeuvre signée en bas à gauche]
Dernière mise à jour : 16 sept. 2020