- Collections
- Horaires
-
Recherche
Les pages les plus consultées
- Agenda
- Localisation
- Boutique
- Espace enseignant
Portrait d'homme blond
Corneille de Lyon (La Haye, entre 1500 et 1510-Lyon, 1575)
Suite à sa création en 1876, le musée des beaux-arts d’Agen bénéficia de nombreux dons afin d’enrichir ses collections. Georges de Monbrison donna en 1879 vingt-neuf tableaux et dessins, dont deux portraits d’hommes par Corneille de Lyon (45 P et 46 P). Celui-ci fut l’un des plus importants peintres de la Renaissance française, exécutant de nombreux portraits finement dessinés et d’une grande profondeur psychologique, comme en témoigne ce Portrait d’homme blond.
Détails
Artiste | Corneille de Lyon (La Haye, entre 1500 et 1510-Lyon, 1575) |
---|---|
Titre | Portrait d'homme blond |
Date | vers 1550 |
Domaine | Peinture |
Technique | Huile sur bois |
Dimensions | H. 0.19 m - L. 0.15 m - |
Numéro d'inventaire | 45 P |
Sujet / Thème | Portrait, homme |
Un portrait psychologique ambitieux
De petit format, ce petit portrait figure un homme en buste, âgé d’une trentaine d’années, tourné vers la droite et regardant le spectateur. Il est probablement issu de la noblesse lyonnaise comme en témoignent ses riches habits. L’Homme blond est vêtu d’un collet noir rayé en velours et coiffé d’une toque noire. Un délicat col blanc orné de motifs brodés rehausse l’ensemble de la tenue, caractéristique de la mode de la fin des années 1540.
Si les vêtements sont traités avec un pinceau plutôt large et d’une certaine rapidité, le visage est réalisé avec plus de précision. Les yeux sont peints sur un fond bleuté afin de vivifier le regard du modèle et renforcer son humanité. Les cils sont volontairement oubliés, afin ne pas obstruer l’échange de regard avec le spectateur. La pilosité, mise en valeur par le fond vert clair, est traitée poil par poil, dans des nuances de bruns et de roux.
Ce portrait est caractéristique de la manière de Corneille dans les années 1540-1550, où les volumes sont plus fermes, et les ombres limitées au maximum. Les analyses scientifiques tendent aussi à confirmer l’attribution à ce peintre, les matériaux et techniques utilisés ici se retrouvent dans d’autres de ses peintures. Enfin, la tête disproportionnée par rapport au reste du corps peut témoigner d’un travail d’atelier attesté chez Corneille, celui-ci peignant le visage et un assistant les vêtements.
Le portrait au XVIe siècle
En France, Jean Perréal initia les codes du portrait français renaissant à la fin du XVe siècle. Ses œuvres de petits formats, représentant avec minutie ces modèles en buste, sont issues de la tradition des enluminures (Portrait de Pierre Sala, dans le Petit livre d’amour, vers 1500, f°17r, Londres, British Library). Perréal fut le peintre des rois de France à partir de 1496. Il s’installa à Lyon de 1522 à sa mort en 1527, où Corneille y connut certainement ses œuvres.
À Paris, les Clouet père et fils, Jean et François, furent les grands portraitistes de la cour au XVIe siècle. Comme Corneille, les Clouet se limitèrent à un modèle de composition bien défini : représentation en buste sur un fond uni, aspect vériste du visage et vêtements souvent traités plus rapidement (François Clouet et atelier, Portrait de Charles IX, vers 1560, Agen, musée des beaux-arts). En revanche, contrairement au peintre lyonnais, les Clouet dessinaient abondamment, que cela soit pour préparer leurs tableaux ou pour les vendre en réponse à l’abondance des commandes (Jean Clouet, Portrait de Léonore Sapata, vers 1531, Chantilly, musée Condé).
Jean Clouet et Corneille étaient originaires des Anciens Pays-Bas, où la tradition du portrait était très importante. Ce genre se caractérisait par une extrême précision du rendu des visages et des vêtements, à l’image du Portrait de François Ier par Joos van Cleve (vers 1535, château de Fontainebleau), appelé à la cour de France en 1532. Corneille ou les Clouet idéalisaient davantage leurs modèles, ce qui explique leur succès. Le fond uni, permettant de focaliser l’attention sur le visage, fut également utilisé par d’autres peintres comme Hans Holbein, allemand devenu l’artiste officiel d’Henry VIII d’Angleterre (Portrait d’Anne de Clèves, reine d’Angleterre, 1539, Paris, musée du Louvre).
Corneille de Lyon, portraitiste de la Renaissance française
Corneille était connu de son temps sous le nom de Corneille de La Haye, en référence à sa cité natale. Il devint probablement rapidement célèbre dans les Anciens Pays-Bas, étant proche de l’intellectuel Jean Second et du peintre Jan van Scorel. Il s’installa à Lyon à partir de 1533, et y resta jusqu’à sa mort en 1575. La ville était un centre économique et intellectuel au carrefour de l’Europe occidentale, où l’on trouvait d’importantes imprimeries et des foires internationales. De nombreux bourgeois et nobles lyonnais se faisaient portraiturer pour affirmer leur statut social (Portrait de Pierre Aymeric, marchand, 1533, Paris, musée du Louvre). À eux vint s’ajouter François Ier en 1536, dans le contexte des guerres d’Italie. Corneille fit à ce moment les portraits de la famille royale (Portrait du dauphin Henri, vers 1538, Modène, Galleria Estense). Lorsque Henri II fut couronné en 1547, il fit de Corneille son peintre officiel et lui obtint la naturalisation pour le remercier de ses services. Son succès ne désemplit pas et il resta le peintre des rois successifs, malgré sa religion protestante.
[Œuvre actuellement en restauration]
Benjamin Esteves
Localisation
1er étage
Dernière mise à jour : 11 déc. 2023