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Portrait du jeune Bridget Seward tenant une batte de cricket
©H. Maertens
Portrait du jeune Bridget Seward tenant une batte de cricket
©H. Maertens
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Portrait du jeune Bridget Seward tenant une batte de cricket

OZIAS HUMPHREY (Honiton, 1742-Londres, 1810)

Peintre anglais de portraits en miniatures, puis d’huiles et de pastels, Ozias Humphrey est un artiste talentueux qui sera encouragé à ses débuts par Thomas Gainsborough (1727-1788). Il apprend à peindre à l'huile lors de ses séjours en Italie, de 1773 à 1777. Ce portrait de jeune homme tenant une batte de cricket, sport à la mode dans l’aristocratie et la grande bourgeoisie, illustre parfaitement le style raffiné et délicat de l’artiste.

Détails

Fiche technique de l'oeuvre
Artiste OZIAS HUMPHREY (Honiton, 1742-Londres, 1810)
Titre Portrait du jeune Bridget Seward tenant une batte de cricket
Date Vers 1788-1797
Domaine Peinture
Technique Huile sur toile
Dimensions H. 0.95 m - L. 0.73 m -
Numéro d'inventaire 361 P
Sujet / Thème Portrait d’enfant, sport, paysage

L’accessoire sportif dans le portrait

Un jeune garçon se dresse frontalement dans un paysage bucolique, baigné d’une lumière crépusculaire. La pose naturelle et décontractée, résultat de l’apprentissage du grand portraitiste anglais Thomas Gainsborough, apporte du dynamisme à l’œuvre. Une douce lumière modèle le visage créant un effet de rupture avec le paysage, plus schématique, qui ramène sans cesse le regard vers le garçon. L’attitude nonchalante, le jeune Seward est vêtu de couleurs vives : des collants bleus prolongeant un bas jaune, une chemise blanche au large col rabattu sur une veste rouge et la tête coiffée d’un chapeau noir. Les jeunes traits de son visage contrastent avec l’assurance qu’il dégage ainsi, appuyé sur sa batte de cricket, tenant dans sa main gauche une balle. Le col ouvert transpose le tableau dans un monde préromantique, dont le soleil couchant, à l’arrière-plan, renforce l’effet et attire le regard vers les profondeurs de la peinture. Ce portrait est l’un des rares à représenter un garçon avec un accessoire sportif. Le cadre poétique, l’attitude naturelle de la pose et la relation harmonieuse avec la nature ont d’abord laissé croire qu’il s’agissait d’une peinture de Thomas Gainsborough qui avait révolutionné l’art du portrait en introduisant ces éléments. Mais le Portrait de Jane Austen par Ozias Humphrey (vers 1788, collection particulière, New York) présente une composition similaire avec une jeune fille avançant dans un paysage poétique et rapidement brossé. L’identité du modèle demeure débattue, peut-être un serviteur d’une riche famille terrienne anglaise entretenant sa propre équipe de cricket, tout comme la date de réalisation du portrait : si l’adolescent porte des habits caractéristiques du début des années 1790, il ne faut pas oublier que le type de batte courbée qu’il tient a laissé place, dès 1774, à un instrument de forme droite.

Ozias Humphrey : de la miniature au portrait

Peintre, miniaturiste et dessinateur, Ozias Humphrey est d’abord l’élève du miniaturiste Samuel Collins (1735-1768) dès 1760, à Bath, puis, sur les conseils de Thomas Gainsborough, celui de Joshua Reynolds (1723-1792), en 1763, qui l’autorise à copier ses portraits en miniatures. Installé à Londres en 1764, il devient un portraitiste de miniatures à succès et expose notamment à la Société des Artistes, de 1765 à 1771. Un accident de cheval vient toutefois gravement endommager sa vue dès 1772 rendant difficile la peinture de miniatures. Après un voyage en Italie (1773-1777), où Humphrey apprend la technique de la peinture à l’huile, il se rend en Inde et réalise d’importantes miniatures de la communauté anglaise et de la cour du Nabab d’Oudh. De retour en Angleterre, il devient peintre de portraits du roi, en 1792, avant de perdre définitivement la vue en 1797.

Une peinture anglaise peu présente dans les musées de France

Portrait du jeune Bridget Seward tenant une batte de cricket est l’une des rares peintures anglaises présentes en France. En effet, la majorité de la production médiévale anglaise ayant été détruite lors de la révolution iconoclaste (1642-1651) sous Oliver Cromwell (1599-1658), c’est principalement la peinture anglaise du XVIIIe siècle qui nous est parvenue. Ainsi, on ne compte environ que soixante-dix portraits anglais dans l’ensemble des musées de province français. Entré au musée du Louvre en 1909 avec la collection du fondateur des Magasins du Louvre, Alfred Chauchard, où prédominaient les paysages de l’école de Barbizon et l’œuvre de Jean-François Millet (1814-1875), avec notamment le célèbre Angélus, le tableau déposé au musée d’Agen, s’il garde encore une part de son mystère, témoigne d’une modernité dans le rendu du paysage et la décontraction du modèle qui ne juraient pas aux yeux du propriétaire au sein de sa collection de toiles modernes.

Provenance

Vente Joseph Parkes, Londres ?, 1858 ; vente Mrs Devonshire, 1864 ; collection Alfred Chauchard, jusqu’en 1909 ; accepté par l'État à titre de legs d'Alfred Chauchard, 1910 ; attribué au musée du Louvre, Paris, 1910 ; dépôt du musée du Louvre au musée des Beaux-Arts, Agen, 1922

Expositions

Characters. Les portraitistes anglais (XVIIIe-XIXe) dans les musées d'Aquitaine, Bayonne, Musée Bonnat, 5 juillet-29 septembre 1996, p.11

 

Mathilde Descamps Duval

Localisation

1er étage

Dernière mise à jour : 20 mars 2023

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